L’exercice ne change pas par rapport aux années précédentes : nous suggérons 10 investissements qui nous semblent pertinents pour 2024, en justifiant nos choix et en indiquant le niveau de risque associé. Nos placements vont du sans risque à une prise de risque très élevée. C’est-à-dire la possibilité de perdre la totalité de votre capital investi.
Rendez-vous dans un an pour faire le point, en toute transparence !
1. Le compte à terme (risque quasi-nul)
Cela fait plusieurs années que nous préconisons le livret bancaire rémunéré, pour faire travailler l’argent qui dort, en anticipation d’une hausse des taux. Ce qui a très bien fonctionné les deux dernières années, notamment si vous aviez sélectionné le super livret Cashbee, qui a systématiquement versé un taux d’intérêt parmi les plus élevés du marché. Pour 2024, nous nous attendons à une stabilisation des taux d’intérêt, et - si l’inflation continue sa trajectoire baissière - une potentielle baisse des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne. Ce qui pourrait conduire à une baisse des taux d’intérêt sur les livrets bancaires.
Dans ce scénario, il serait judicieux de placer vos liquidités excédentaires sur un compte à terme à 1, 2 ou même 5 ans, afin de vous garantir un taux d’intérêt sur une échéance plus longue, et ainsi vous immuniser contre une baisse possible des taux au jour le jour.
Plusieurs banques proposent des comptes à terme avec un rendement attractif pouvant aller de 3 à 4% sur un an. Ce rendement est brut d'impôt, et il s'agira bien sûr d'également tenir compte l'effet de l'imposition, mais cela vaut pour l'ensemble de nos suggestions.
2. Le T-Bill à un an (risque très faible)
Dans le prolongement de la thématique des taux d’intérêts qui ont beaucoup augmenté, mais dont on ne connaît pas la direction future, il nous semble pertinent de considérer les placements obligataires. Car les taux d’intérêt versés sur ces titres de créance ont augmenté et offrent donc un rendement plus élevé, à risque égal.
Dans la catégorie des placements sûrs, nous retenons la dette étatique des États-Unis. La probabilité nous paraît très faible que les USA ne remboursent pas leur dette (même si le volume total de cette dette est gigantesque et continue de grandir !).
La courbe des taux en USD est actuellement inversée, ce qui veut dire que le rendement de la dette étatique sur des échéances courtes (6 mois, 1 an, …) est supérieur à celui des US Treasuries à long terme (de 5 à 30 ans).
En l’occurrence, le rendement à un an est de 5,14%, alors qu’à 10 ans le Trésor américain paie 4,23% (en Dollar). Au même moment, le rendement sur la dette étatique française à un an est de 3,45% (en Euro).
Pour être intellectuellement juste, nous mesurerons l’efficacité de ce placement US T-Bills en comparant dans un an le rendement obtenu en Euro, en tenant compte de l’évolution du cours de change entre les deux devises (un Euro vaut actuellement 1,0764 Dollar).
3. Fonds obligataire daté (risque faible)
Dans le prolongement de l’idée qui précède, nous suggérons une seconde option pour investir dans des obligations, en s’intéressant au “crédit”, c’est-à-dire aux obligations émises par des entreprises. C’est plus risqué, parce que la probabilité qu’une entreprise fasse défaut est, statistiquement, supérieure au risque qu’un État ne rembourse pas ses dettes. Mais qui dit risque plus important dit aussi rendement plus élevé. Par ailleurs, ce risque de défaut peut être atténué en investissant dans un portefeuille diversifié de titres obligataires, émis par une multitude d’émetteurs “corporate” différents.
En outre, il est possible d’investir dans un fonds obligataire à partir de montants relativement modestes (1000 euros typiquement), alors que d’investir dans des obligations directement peut nécessiter des montants importants (typiquement des multiples de 100 000 euros). Pour rappel, les parts de ce type de fonds peuvent aisément être logés au sein d'un contrat assurance vie, ce qui peut en optimiser le rendement après impôt.
Nous aurions pu étudier différents ETF (pour Exchange Traded Fund) obligataires. Mais pour cette thématique, nous proposons le fonds Carmignac Crédit 2027, qui offre l’avantage supplémentaire d’être un fonds obligataire daté, qui sera remboursé, au plus tard, en 2027. Il contient plus de 200 lignes obligataires différentes, dont la notation de crédit moyenne est BBB- (c’est-à-dire “investment grade”, dans le jargon des spécialistes). Son rendement brut actuel est de 7,05%.
4. Saphir 1, un produit structuré (risque de perte en capital faible)
Les produits structurés se sont avérés être une bonne pioche en 2023. Mais ce n’est pas pour cela que nous renouvelons la recommandation. Car des produits structurés il en existe une (quasi-)infinité, allant des plus complexes aux plus simples, avec ou sans garantie de capital, et exposant l’investisseur à plus ou moins de risques.
Nous remettons les produits structurés sur notre liste parce qu’il nous semble qu’ils peuvent être une bonne solution de placement complémentaire, au sein d’un portefeuille diversifié, dans des temps relativement incertains, comme ceux que nous vivons aujourd’hui.
Le niveau des taux d’intérêt et la volatilité favorisent les rendements qu’on peut espérer atteindre via des placements en produits structurés. Si la volatilité actuelle est plutôt modeste, les taux d’intérêt plus élevés permettent de proposer des rendements cibles de 5 à 6% pour des produits structurés à capital garanti.
Ce qui nous semble attractif, dans un contexte où l’inflation tourne autour de 4% et est tendanciellement orientée à la baisse.
Pour mesurer l’efficacité de notre idée dans un an, nous prenons comme point de référence le produit Saphir 1, que nous venons de commercialiser. Émis par Morgan Stanley, une grande banque américaine, ce produit vise un rendement de 11% par an (fonction de la performance de l’action Engie) et est à capital garanti. Si vous l'avez acheté via notre application, ce placement s'est ajouté à votre contrat assurance vie.
5. Le crédit carbone (risque moyen)
Notre raisonnement est simple. La pression sur les responsables politiques et les dirigeants d’entreprises pour protéger la planète et lutter contre le réchauffement climatique ne cessera de croître dans les années à venir.
Les entreprises devront donc entreprendre des mesures pour décarboner leurs activités. Directement, en réduisant leurs empreintes carbone, et/ou indirectement, en achetant des crédits carbone.
Selon IHS Market, le prix d’une tonne de carbone était de 52,71 Dollars à la fin juin. Selon de nombreux spécialistes, si toutes les entreprises visaient le même objectif (de moins en moins réaliste) des Accords de Paris de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, ce prix par tonne devrait se rapprocher de 150 Dollars. Soit 3 fois le cours actuel.
Donc, même si on ne croit pas au scénario favorable où toutes les entreprises du monde se mettent au vert, si la tendance s’accélère, le cours du crédit carbone devrait s’apprécier. Si la thèse d'investissement est relativement simple, encore faut-il trouver une solution de placement qui permette aux investisseurs particuliers de jouer la thématique et de placer (une partie de) leur argent dans un support financier qui permet de profiter de la hausse possible du crédit carbone.
Kraneshares Global Carbon Trading Strategy est un ETF ayant pour objectif de répliquer la performance du IHS Market’s Global Carbon Index. Il permet donc à l’investisseur individuel d'allouer une partie de son patrimoine à la thématique. La part de cet ETF s’échange aujourd’hui à 33,50 Dollars.
6. Les actions Japonaises (risque élevé)
Nous ne sommes pas les premiers à avoir identifié la thématique et celle-ci a bien fonctionné en 2023. Ce qui veut dire que les valorisations boursières au Japon ont déjà pas mal monté. En revanche, ce n'est parce que le cours des actions ont déjà grimpé que cette hausse ne peut pas se poursuivre.
Le raisonnement qui soutient cette idée est le suivant : le marché japonais a été longtemps plutôt ignoré par les grands gestionnaires internationaux. Par rapport aux valorisations boursières atteintes dans d’autres pays développés, les entreprises japonaises cotées s’échangent à des multiples plutôt attractifs.
Et pour cause. Les grandes entreprises y ont souvent des participations croisées, ce qui rend leurs bilans et performances financières difficiles à lire. Par ailleurs, les traditions n’y sont pas en faveur des (petits) actionnaires. Communication financière opaque et irrégulière, des dirigeants peu actifs mais indéboulonnables, et une économie longtemps déflationniste ne sont que quelques-uns des éléments historiques qui peuvent faire hésiter les plus hardis des investisseurs.
Mais des changements structurels et macro-économiques sont en cours. Les taux en Yen ont commencé à grimper. Certaines grandes entreprises, comme Toyota, ont commencé à dénouer leurs participations. Un nombre d’actionnaires institutionnels agitateurs ont pris des entreprises japonaises cotées pour cible, et exigé des changements dans la gouvernance et dans la stratégie. À la surprise générale, les agitateurs ont (parfois) gagné leurs combats administratifs.
Observation intéressante, le milliardaire Warren Buffett a décidé de miser sur le Japon depuis quelques années en prenant des participations dans plusieurs multinationales japonaises. Suivre dans le sillon de cet investisseur professionnel et dédier une partie de votre portefeuille aux actions japonaises nous semble faire sens.
Par conséquent, nous pensons que cela peut valoir le coup de miser une partie de votre argent sur la continuation du changement structurel profond en cours. Nous le faisons via le fonds Japan Long Only du gestionnaire Dalton, dont la part s’échange à un prix de 1480 euros.
7. L’Intelligence artificielle (risque élevé)
La hype autour de l’Intelligence artificielle (dont nous ne sommes pas experts) est à son comble. Selon Elon Musk, l’IA va, un jour, pouvoir remplacer n’importe quel emploi aujourd’hui effectué par un humain. Si cette vision extrémiste reste à prouver, de très nombreux experts s’accordent pour estimer que l’IA a sa place dans de très nombreux domaines et est de nature à disrupter nos modes de vie de la même façon qu’internet a pu le faire en son temps.
Les investisseurs en capital risque misent énormément sur l’émergence de leaders de marché dans le domaine. La start-up française Mistral a ainsi levé pas loin de 400 millions d’euros, et est donc valorisée un peu moins de 2 milliards d’euros, moins d’un an après sa création. Ses 22 employés ne cessent d’améliorer les performances de son modèle de langage, compétiteur de ChatGPT. Mais la plupart des acteurs sont encore des sociétés privées, contrôlés par leurs fondateurs et des fonds de capital risque ultra spécialisés. Donc impossible pour le petit porteur d’investir dans Mistral ou ChatGPT pour l’instant.
Mais il existe quelques fonds et ETFs dédiés à la thématique qui permettent à un investisseur individuel de prendre une vue sur le secteur en plein boom. Sans être expert, nous rencontrons de plus en plus d’applications de l’IA dans la vie courante, que ce soit dans l’éducation, la médecine ou encore les chaînes d’approvisionnement. Et nous constatons que la grande majorité des dirigeants des grandes entreprises ont commencé ou promettent d’investir dans l’IA. Bref, les fournisseurs d’expertise en IA et en robotique pourraient bénéficier de carnets de commandes en forte croissance pour les années à venir.
Pour jouer la thématique, nous retenons le fonds AI and Robotic, géré par Thematics, au cours actuel de 215 Dollars (en hausse de 22% depuis le début de l’année).
8. L’action Visa (risque élevé)
Attention, acheter une action spécifique vous expose par construction à un risque concentré. Deuxième warning, l’idée d’investir dans Visa n’est absolument pas originale. De très nombreux investisseurs adorent cette action, dont le cours de bourse s’est apprécié de plus de 23% cette année. Son dividende, exprimé en pourcentage du cours de bourse, est faible : 0,81%. Et l’action s’échange à un peu plus de 30 fois les bénéfices, un multiple élevé.
Ceci étant dit, nous avons de bonnes raisons de recommander les actions de Visa, qui est bien plus qu’un fournisseur de cartes de crédit. Visa est aujourd’hui un fournisseur de services de paiements digitaux mondial, dont la mission est tout simplement d’éliminer les paiements en espèces (ou via des chèques). L’entreprise a assuré des paiements digitaux pour un volume dépassant 3 trilliards de Dollars au dernier trimestre de cette année. Son unique concurrent (aujourd’hui) est Mastercard.
Notre thèse d’investissement dans Visa est très simple : il y a très peu d’acteurs qui peuvent fournir les services de paiement à l’échelle mondiale. Tant que le nombre de transactions effectué “par carte” continue de monter, il est fort à parier que Visa en bénéficiera en premier lieu. Un exemple typique d’un marché en expansion avec peu d’acteurs, qui est difficilement pénétrable pour un nouvel entrant. La barrière à l'entrée est très élevée. Son modèle d’affaires est simple : la société prend une toute petite commission sur toutes les transactions qu’elle facilite.
Le cours actuel de l’action Visa est de 256,52 Dollars (et, pour rappel, les titres vifs peuvent tout à fait être logés au sein d'un contrat assurance vie en unités de compte).
9. L’immobilier aux USA : Medical Properties Trust (risque très élevé)
Nous rentrons dans le domaine des gros paris. Qui peuvent rapporter gros, mais aussi vous faire perdre une partie substantielle de votre mise. L’immobilier commercial (bureaux, boutiques, …) a énormément souffert ces derniers trimestres. Car la hausse des taux a négativement impacté le secteur de l'immobilier. Les valorisations de nombreuses SCPI ont d'ailleurs fortement corrigé et certaines SCPI ont réduit la liquidité offerte aux souscripteurs, qui ne peuvent pas vendre leurs parts.
Tout d’abord, la hausse des taux d'intérêt impacte la santé financière des locataires des bureaux, qui peuvent prendre du retard dans leurs paiements de loyers (voir cesser d’en payer). Cela réduit d'autant les revenus locatifs des SCPI. La hausse des taux renchérit également le coût de financement des promoteurs immobiliers et des propriétaires des bâtiments (qui les ont souvent acquis en partie en s’endettant, espérant ainsi de bénéficier d'un effet de levier).
Les cours de bourse des sociétés immobilières américaines, les REIT (pour Real Estate Investment Trust, l'équivalent des SCPI en France) ont reflété ces craintes justifiées du marché. Ils ont, dans l’ensemble, fortement corrigé.
Prenons le cas de Medical Properties Trust, qui se spécialise dans l’acquisition et la gestion de centres médicaux et d'hôpitaux. Son cours de bourse s’est effondré de presque 60% pour tomber de 12 à moins de 5 Dollars.
Il faut dire que la société a divisé son dividende par deux et vendu plusieurs biens immobiliers, dans le but de réduire son endettement dans l’urgence.
Mais aujourd’hui, les choses pourraient s’améliorer. Car au cours de bourse actuel, les actions ne s’échangent qu’à un multiple de 5 fois les revenus estimés de 2024.
Pour que le cours de l’action rebondisse, il faut que ses locataires (des hôpitaux) continuent de payer leurs loyers. Une éventuelle baisse des taux allégerait d’autant la charge financière pour ce REIT.
Même sans cela, au cours actuel de 4,79 Dollars par action, les dividendes - réduits de 0,30 à 0,15 Dollar par trimestre en septembre dernier - représentent un rendement de 12,5%. Donc si la société maintient son niveau de dividende actuel, et si le cours de bourse dans un an est égal à celui d’aujourd’hui, le retour sur investissement (ROI) de ce placement atteindrait 12,5%, avant impôts.
Pas mal, mais dans la phrase précédente il y a deux “si” ! On croise les doigts.
10. Les Grand Cru d’Alsace (risque très élevé)
Oui, nous sommes amateurs de vin, mais absolument pas experts. Oui, c’est un placement “plaisir”. En revanche, notre recommandation se veut réfléchie !
Nous avons bien observé l’envolée des prix pour les grands crus bordelais, les grands champagnes, les vins des grands domaines en Bourgogne et de la vallée du Rhône. Les vins de la vallée de la Loire des plus grands producteurs (Dagueneau, Guiberteau, ..) sont devenus la cible des collectionneurs, tout comme les vins de France de qualité exceptionnelle, comme la Peyre Rose ou la Grange des Pères.
Nous craignons par ailleurs un retournement du marché, certains acheteurs, comme par exemple les Chinois, étant moins présents qu’avant.
Donc nous souhaitons rester à l’écart des régions viticoles où les prix se sont envolés. À des fins d’investissement, nous vous suggérons d’étudier les grands vins alsaciens, un peu moins souvent cités dans les revues spécialisées. La hype semble être passée à côté de cette région, qui pourtant produit d'excellents vins.
Ce placement est à haut risque, mais il offre deux avantages. Le premier est qu’il est relativement décorrélé de la bourse (pas totalement, car parmi les grands acheteurs de vins prestigieux se trouvent de très nombreux investisseurs, qui, si la bourse s’effondre, réduirait sans doute leurs achats plaisir).
Par ailleurs, dans le pire des cas, la valeur de vos placements ne peut pas totalement disparaître : vous trouverez bien une occasion pour déguster votre investissement en vin, pour, littéralement, le liquider en cas de sous-performance financière.
Pour mesurer l’efficacité de ce placement, nous prenons comme référence une caisse de Riesling Furstentum 2020, du Domaine Albert Mann, à 65 euros la bouteille.
Pour conclure, chacune des 10 suggestions d’investissement pour 2024 ne sont ni plus ni moins que ça … des suggestions. Qu’il s’agit de considérer avec prudence, en prenant soin d’en évaluer le risque. Rendez-vous dans 12 mois pour savoir si cette année nous avons pu apprendre de nos erreurs du passé !
P.S. Certains pourraient nous reprocher de ne pas avoir inclus les crypto-devises (comme le Bitcoin) ou encore le private equity dans notre liste. Nous y avons pensé, mais nous n'avons pas de convictions, dans un sens ou dans un autre au sujet de la crypto. Pour le private equity, nous estimons que la correction des valorisations des participations que les sociétés de capital risque détiennent pourrait continuer. Donc nous restons à l'écart de ces deux classes d'actifs.
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